Découvrez en plus sur la sélection thématique "Faites la fête" (dans l'abonnement jusqu'au 10 décembre 2025) !
En novembre 2015, il y a tout juste 10 ans, LaCinetek voyait le jour.
La sélection thématique de ce mois-ci prend donc la forme un peu particulière d’une exploration libre des festivités et autres anniversaires, piochés au gré des époques du cinéma : des fêtes de famille aux soirées punk, de Buster Keaton à Éric Rohmer, de Sydney Pollack à James Gray. Au programme, tout ce qui fait le sel de la fête : danses endiablées, champagne à gogo, ballons colorés, sans oublier les règlements de compte familiaux ou amicaux et, bien sûr, les sévères gueules de bois.
Scandé par plusieurs célébrations festives, d’une Bar Mitzvah au Nouvel An, Two Lovers de James Gray (2008) est un mélodrame aux accents de thriller. Jouant du clair-obscur de la nuit new yorkaise, l’atmosphère feutrée du film nous entraîne au plus près de la crise existentielle que traverse son personnage principal : Leonard / Joaquin Phoenix. Le drame amoureux dans lequel il se trouve est un prétexte à mieux observer les dilemmes de l’âme humaine, dans un mouvement que n’aurait pas renié Dostoïevski.
Rythmée par la musique d’Elli et Jacno, la nuit se fait propice aux rencontres entre salons parisiens, appartement à Marne-la Vallée ou clubs mythiques des années 80. Avec un mélange de légèreté et de profondeur qui n’appartient qu’à lui, Éric Rohmer nous guide dans ces dédales amoureux, à la suite des jeunes comètes que sont alors Pascale Ogier — ou la grâce incarnée —, Fabrice Luchini et Tchéky Karyo.
Sous les palmiers Californiens, à Los Angeles, c’est un autre nid de noctambules que capture Gregg Araki dans Nowhere (1997). Troisième volet de sa trilogie “Teenage Apocalypse”, les jeux de lumière pop contrastent avec l’ambiance punk, à la limite du nihilisme, d’une certaine jeunesse américaine. Alimenté par un humour noir, la violence s’insinue dans chaque relation humaine, faisant voler en éclats les rêves d’émancipation, d’amour libre et de voyages hallucinogènes.
Tootsie (Sydney Pollack, 1982) explore une autre forme de regard quand Michael (Dustin Hoffman), comédien au chomage, se fait passer pour une femme pour obtenir un rôle, expérimentant in vivo le sexisme ambiant — tout en conduisant les spectateurs à en faire de même. Comédie sociale au vitriol, pointant les travers d’une industrie culturelle que l’on ne connaît aujourd’hui que trop bien, le film ne renonce pas à un véritable sens de la farce. Parmi les scènes devenues cultes, une coupe de champagne jetée à la figure d’un importun lors d’un cocktail, sur fond de plan drague franchement raté.
Produit par Judd Apatow, Frangins malgré eux (2008) est une pure comédie régressive à la grossièreté assumée, mise au service d’une satire sans concession sur l’infantilisation de nos sociétés contemporaines. Tout se joue autour de la rivalité entre deux “Tanguy” de quarante ans forcés de vivre ensemble avec leurs parents respectifs et qui font tout pour repousser le passage à l’âge adulte et les responsabilités qui vont avec.
Parmi les nombreuses festivités, l’anniversaire reste un morceau de choix, même si certains se révèlent un tantinet plus stressants que d’autres : dans Les Fiancées en folie (1925), Jimmie apprend qu’il peut toucher un bel héritage à condition de se marier avant ses 27 ans. Problème ? C’est aujourd’hui son anniversaire et il n’y a pas de prétendante à l’horizon. Chef d’œuvre du burlesque, le corps léger et élastique de Buster Keaton brave chaque cascade périlleuse, donnant naissance à un florilège de gags rocambolesques.
Bardé de prix aux Festivals de Locarno ou de Clermont-Ferrand en 2001, Tous à table enregistre les tensions qui traversent un groupe d’amis, réunis à l’occasion d’un dîner d’anniversaire. Ursula Meier multiplie les points de vue, au plus près de chacun des convives, tandis que la fête joyeusement arrosée se transforme en jeu de massacre, une simple devinette provoquant des règlements de compte en cascade qui ne laissent personne indemne.
Pour clore cette sélection, une pure mise en image de la fête signée Albert Pierru. Le cinéaste se fait peintre, dessinant à même la pellicule, pour une danse de formes et de couleur, travaillant le rythme filmique comme une partition de jazz. Soir de fête (1956) ouvre grand notre imaginaire, nous laissant libre d’y projeter nos propres souvenirs, des bals musettes aux feux d’artifices du quatorze juillet.