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Secrets de famille

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Le secret familial se décline sous mille visages : tabous, non-dits, mensonges ou simples arrangements avec le réel, et se transmet parfois de génération en génération. Source intarissable de tensions au cinéma, il fait affleurer les fragilités qui nous traversent et les liens souterrains qui nous relient à l’histoire collective. En levant le voile du secret, les dix films de notre sélection ouvrent de nouveaux horizons et tentent de panser nos blessures.

Une bande de voleurs se déchire pour récupérer le butin, ne reculant devant rien, ni se faire passer pour frère et sœur, ni même gober un poisson rouge qui n’avait rien demander à personne. Avec John Cleese des Monty Python à l’écriture, Un poisson nommé Wanda (Charles Crichton,1988) devient vite un classique de l’humour absurde à l’anglaise, qui envoie valser toutes les bonnes manières.

On passe des faux frères à l’usurpation d’identité dans La Vie d’un honnête homme (1953) où un notable à la vie bien rangée se fait passer pour son frère jumeau à la mort de ce dernier, espérant faire l’expérience de la vie aventureuse dont il rêvait en secret. Sacha Guitry offre un double rôle au magistral Michel Simon, et introduit Louis de Funès pour l’un de ses premiers rôles au cinéma.

Still Walking (2008) s’articule également autour de la disparition d’un frère – mais aussi d’un fils -, que sa famille commémore chaque année. Lors de ces réunions, les blessures de chacun émergent peu à peu, malgré leurs tentatives de faire bonne figure. Avec poésie, Hirokazu Kore-eda capte les lignes de fuite d’une famille en deuil et le fragile équilibre entre la volonté d’aller de l’avant et l’impossibilité de se libérer du passé.

C’est aussi autour de la mort d’un enfant que s’organise Le Fils (2002) de Jean-Pierre et Luc Dardenne. Une rencontre inattendue cristallise les problématiques du deuil et du pardon, lorsqu’un homme (Olivier Gourmet) est confronté à celui qui a tué son fils, sans que celui-ci ne se doute de rien. Sondant la mécanique d’attirance et de répulsion, c’est tous les méandres de l’âme humaine que la mise en scène des frères vient saisir avec délicatesse.

Pedro Almodóvar a souvent filmé les relations entre génération au sein d’une même famille, et la transmission des non-dits. En 2015, avec Julieta, il adapte librement plusieurs nouvelles de l’autrice (et prix Nobel) canadienne Alice Munroe, pour s’approcher au plus près de la dissolution du lien. Le film se présente comme la lettre d’une mère à sa fille, alors que les deux femmes ne se parlent plus depuis des années. La mère livre son récit dans l’espoir de renouer avec elle et de lui transmettre sa version de l’histoire.

Le poids du secret retombe souvent sur les générations suivantes, et plusieurs œuvres s'intéressent à l’enquête que mènent l’un des membres de la famille pour approcher la vérité. Quand elle apprend les véritables circonstances de la mort de sa mère, qu’elle a à peine connue, la cinéaste Mariana Otero décide de partir à sa rencontre à travers son documentaire Histoire d’un secret (2003), mettant en lumière un parcours de femme, singulier et universel.

C’est aussi une quête sur l’histoire de leur mère que mènent deux fils, suite aux révélations d’une lettre testamentaire dans Incendies de Denis Villeneuve. Sorti en 2010, le film est adapté de la pièce de Wajdi Mouawad, elle-même inspirée de la vie de Souha Bechara. À travers cette histoire, ce sont les drames du monde contemporain qui viennent s’incarner, sur fond de conflits religieux dans un pays fictif du Moyen Orient. 

L’exploration des mystères familiaux se confond parfois avec les contours de la grande histoire. Ainsi Ida du cinéaste polonais Paweł Pawlikowski nous plonge dans la vie d’une jeune femme élevée dans un couvent, sans connaissance de ses origines. Elle découvre bientôt le monde extérieur mais aussi son histoire personnelle, liée aux grands événements du XXe siècle. Les zones d’ombres de chacun se matérialise dans le somptueux noir et blanc de la photographie, orchestré par une mise en scène d’une grande sensibilité. Le film recevra l’Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2015.

La culture du secret, voire du mensonge, à l’échelle d’une société est au cœur du cinéma d’Asghar Farhadi. À propos d'Elly (2009) se centre ainsi sur un groupe d’amis, dont les vacances prennent un tournant tragique, miné par les tabous. Ours d'argent à Berlin, le film dissèque en creux la société iranienne dans un portrait collectif glaçant. 

La tension surgit derrière chaque porte de La Maison de la mort (1932), qui abrite une étrange famille contrainte d’accueillir des voyageurs pris dans une tempête. Le film est longtemps resté lui-même un secret : considéré comme perdu, ce chef d’œuvre fantastique des années 30, réalisé par James Whale un an après son Frankenstein, a finalement été retrouvé près de trente ans après sa sortie, (re)devenant peu à peu un classique de l’expressionisme teinté d’humour noir. Porté par Boris Karloff et Charles Laughton, restauré en 4k, La Maison de la mort est un plaisir cinématographique qui ne se refuse pas.


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