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Cinéma

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Au fil de la conception puis de la fabrication d’un film, les processus artistiques se font toujours plus amples : du travail relativement solitaire de l’écriture, l’on passe au tournage en équipe, puis à la projection auprès du public. Ainsi, en miroir, le cinéma devient expérience collective. Cette sélection revient sur chaque étape, des cinéastes au travail aux ouvreuses dans les salles, puis aux critiques et cinéphiles qui font ensuite vivre les œuvres. Une sélection pour le plaisir de traverser l’écran et partager ce qui le constitue. 

Nanni Moretti s’est souvent mis en scène dans ses films, jouant sur la frontière entre fiction et autoportrait. Pourtant, dans Mia madre (2015), c’est en femme cinéaste qu’il se projette, offrant ce rôle à l’une de ses plus proches collaboratrices : Margherita Buy. Cauchemar de tout cinéaste, Margherita doit faire face à une double adversité : la maladie de sa mère et un tournage rendu houleux par le caractère difficile de son acteur principal (génial John Turturro). Et le film lui-même oscille entre situations drolatiques et déflagration d’émotions pures.

Chaque tournage apporte son lot d’adversités, de doutes et de désaccords. C’est aussi le cas dans Le Mépris de Godard (1963), où un producteur américain véreux s’agace des délais et détours que prend Fritz Lang pour adapter l’Odyssée. Dans un jeu de mise en abime, le film conjugue les tensions du tournage à une rupture amoureuse, celle du scénariste français appelé à la rescousse sur l’île de Capri (Michel Piccoli) et de sa femme Camille (Brigitte Bardot).

L’on reste en l’Italie avec Federico Fellini qui s’est lui aussi bien souvent illustré dans le genre de l’autoportrait. Dans son avant-dernier film, Intervista (1987), il détourne le dispositif de l’interview pour évoquer sa conception du cinéma et différents moments de sa carrière en mêlant, comme à son habitude, le souvenir à la rêverie. Peuplé de référence à son œuvre et d’audace visuelles, le film réunit 27 ans après le tournage de la Dolce Vita, le couple Marcello Mastroianni/Anita Ekberg dans une séquence mémorable.

Autre grande cinéaste de l’autoportrait, Agnès Varda fait des plages qui ont rythmé son existence une métaphore de son travail de création. De l’Hérault à la Californie, Les Plages d’Agnès (2008), tel un cinématelot, nous invite à un voyage d’une merveilleuse inventivité entre documentaire et vie rêvée. 

Le terme de « cinéma » renvoie tout autant aux films, qu’à la salle où on les découvre. Dans le film éponyme de Marie-Claude Treilhou, Simone Barbès est ouvreuse dans un cinéma porno. Cet espace est prétexte à une multitude de portraits de marginaux, pris dans les tumultes du désir. Exploration inédite du milieu de la nuit où les gestes d’humanité côtoient la solitude, Simone Barbès ou la vertu, passé presque inaperçu à sa sortie en 1980, ne cesse d’être redécouvert aujourd'hui.

À la même époque, de l’autre côté de l’Atlantique, une autre réalisatrice, Bette Gordon, choisit elle aussi d’installer un cinéma porno au centre de son intrigue. À la lumière des néons, Variety nous plonge dans le New York underground, aux côtés d’une ouvreuse fascinée par l’un des habitués de la salle. Le film se fait alors expérience sensorielle, tandis que Gordon nous entraîne dans une balade nocturne au son des notes de John Lurie, accompagné par les images de Tom DiCillo et la présence de Nan Goldin,

Passée la caisse, l’on entre enfin dans la salle obscure, que certains fréquentent plus assidûment que d’autres. Dans Les Sièges de l’Alcazar (1989), deux jeunes critiques, l’un aux Cahiers du cinéma, l’autre à Positif, se jaugent, se toisent, et flirtent aussi un peu, sur fond de désaccords théoriques autour du cinéaste italien Vittorio Cottafavi. Luc Moullet signe une comédie tendre et fantaisiste où l’amour du septième art s’exprime aussi dans les manies chères aux cinéphiles passionnés : la bataille pour le meilleur fauteuil en tête.

Dans une société iranienne qui aime profondément le cinéma, son impact se fait sentir jusqu’au fait divers. Close-up d’Abbas Kiarostami (1991) retrace la vie et le procès d’un jeune homme au chômage qui se fait passer pour le célèbre cinéaste Moshen Makhmalbaf afin de tenter d’arnaquer une riche famille de Téhéran. Entre documentaire pendant le procès et vraie reconstitution, le film interroge, avec une intelligence rare, les frontières entre la vie et la fiction, le statut social de l’artiste et ses privilèges, pour dresser in fine le portrait d’un jeune homme « amoureux du cinéma et de ceux qui le font ».


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