LaCinetek a invité les étudiants du Master « Pensées du cinéma » de l’ENS de Lyon à concevoir deux focus sur des thèmes de leur choix, dans le cadre d’un atelier programmation. Que vous soyez plutôt casanier ou amateur de voyage, vous y trouverez nécessairement votre bonheur !
Où placer son regard pour capter du nouveau ? Des envies de déplacement nous viennent mais aussi de claustration. L’inattendu surgit autant dans l’exploration d’un pays autre qu’au sein de ce qui nous semble le plus familier… Élire domicile dans du clos ou dans de l’ouvert, c’est faire le pari d’une découverte.
FOCUS “BIENVENUE CHEZ NOUS !”
La Cérémonie (1995) de Claude Chabrol
Avec les trente-cinq films du focus “Bienvenue chez nous !” nous vous proposons d’explorer l’espace domestique à travers les êtres cinématographiques qui peuplent ce dernier. La maison au cinéma prend vie et dévoile ses multiples facettes : lieu de l’intime, scène de théâtre, champ de bataille, laboratoire social, tribunal familial… La caméra capte la tension entre intérieur et extérieur, groupes et individus, mobiliers et humains.
Au programme : des dîners qui finissent plus ou moins bien, un extraterrestre dans une buanderie californienne, un salon polyglotte, un vampire dans un grenier au fin fond de la Transylvanie, des fantômes errant à travers de longs couloirs obscurs, une leçon de piano dans une chambre en Corée du Sud, et plus encore… De La Règle du jeu à Fenêtre sur cour en passant par L’Auberge espagnole, venez donc vous perdre dans ce labyrinthe domestique où les voix s’entremêlent et les corps se croisent, donnant à voir à l’écran des chorégraphies inoubliables.
FOCUS “FILMER HORS DE CHEZ SOI”
Le Retour d'un aventurier (1966) de Moustapha Alassane
Partons à la recherche de déplacements inattendus. Du simple changement de langue à la conquête, en passant par la fuite et la rébellion, ces écarts de route révèlent les différents rapports à l’espace entretenus par les cinéastes.
Trouver un territoire « vierge » où planter son décor (Aguirre, la colère de Dieu, Dersou Ouzala), documenter des soulèvements (Black Panthers, Soy Cuba), ou simplement s’échapper (Lost in Translation, Happy Together), tous ces gestes cinématographiques ne s’accordent pas entre-eux. De la reprise de western (Le Retour d’un aventurier), à la décolonisation (Caméra d’Afrique, Lumumba, la mort du prophète), ce focus cherche à proposer un atlas alternatif du cinéma.
Ces migrations de cinéastes rarement mises en avant interrogent notre regard. Quelle place adopter lorsqu’on ne filme pas chez soi ? Jusqu’où va notre engagement ? Quel est notre lien aux questions politiques, mémorielles quand elles nous sont étrangères ? En substance, gît l’éternelle question de ce que peut ou non le cinéma.