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Stanislav Barabáš

Stanislav Barabáš

Stanislav Barabáš : cinéaste slovaque à (re)découvrir parmi les trésors cachés du Slovak Film Institute.

"Stanislav Barabáš (1924-1994) fut l'un des premiers réalisateurs slovaques à étudier à la FAMU de Prague (dès 1946). Comme la quasi-totalité des réalisateurs slovaques de cette époque, Barabáš travailla ensuite au Département Documentaire, pour lequel il réalisera des courts métrages (souvent de propagande). Entre 1955 et 1961, Barabáš interrompt son travail de réalisateur et travaille comme assistant auprès de Paľo Bielik (Forty Four, 1957 ; Captain Dabač, 1959) et Vladimír Kudláč (Posledný návrat [Le Dernier retour], 1958).

En 1961, Barabáš réalise Le Chant du pigeon gris, où l’on sent l’émergence de son intérêt pour la psychologie humaine. Le film, qui se déroule pendant le Soulèvement national slovaque (août 1944), est raconté du point de vue d'un enfant. À travers les yeux d'un jeune garçon, Barabáš porte un regard neuf sur les personnages, montrant que la guerre n'est pas seulement une affaire de héros, mais souvent aussi de lâchetés et bassesses, pointant ainsi les travers des récits “héroïques”. Les tonalités lyriques dominent ce premier film, mais on note déjà une dimension existentialiste qui marqueront ses futures œuvres, telle que Le Glas des va-nu-pieds (1965). 

Le scénario du Glas des va-nu-pieds (intitulé “En attendant la mort”), écrit par Ivan Bukovčan, s’inscrit dans une trilogie pensée par Bukovčan autour du Soulèvement. Barabáš y transforme la représentation d'un ennemi anonyme, souvent perçu comme une simple machine à tuer, en celle d'un être humain. Bukovčan et Barabáš prennent ainsi leur distance avec l'idéologie dominante en proposant une approche humaniste, refusant la mythologie historique et le réalisme socialiste du cinéma imposés par le parti.

L’œuvre de Barabáš se distingue ainsi par son authenticité et sa volonté de transmettre un message qui transcende les exigences idéologiques de l'époque. Barabáš s'intéresse de près à la psychologie de ses personnages, à leur monde intérieur, alors qu'ils traversent des situations extrêmes (comme lorsqu'il redonne figure humaine aux victimes anonymes de la guerre). Ses films sont imprégnés d'un fort sentiment d'humanisme et de questions morales, traitant souvent de la complexité et de la fragilité des relations interpersonnelles.

Barabáš réalisera en tout quatre longs métrages (Le Chant du pigeon gris, 1961 ; Trio Angelos, 1963 ; Le Glas des va-nu-pieds, 1965 ; Tango for a Bear, 1966), et deux téléfilms (Tame, 1967 ; Eternal Husband, 1969), avant d’émigrer en 1968 au Canada, puis en Allemagne, où il travaillera principalement pour la télévision."

Rastislav Steranka, Directeur du Centre national de la cinématographie du Slovak Film Institute
Bratislava, 14 November 2025

Les films sont disponibles à l'unité parmi les trésors du cinéma slovaque, et dans l'abonnement jusqu'au 1er novembre 2026.